JamesNachtweyWarPhotographer
James Nachtwey est reporter de guerre. Entré en photographie par admiration pour les reporters du Vietnam, Nachtwey couvre les conflits qui secouent la planète (Bosnie, Kosovo, Rwanda, Tchétchénie, Afghanistan, Palestine, Afrique du Sud...).

Mais, depuis la fin de la guerre du Vietnam, et surtout depuis les vingt dernières années, les conditions mêmes du travail des photographes de guerre ont connu une évolution sensible et les images ont changé de statut. Il n’est plus aujourd’hui question, comme aux temps héroïques du Vietnam, pour un journaliste de sauter d’un hélicoptère de l’armée à l’autre pour accéder au front au nom du respect et au droit à l’information. Les conflits sont désormais censurés, leur accès rigoureusement réglementé et les images contrôlées. La guerre est cachée, devenue invisible, quasiment sans image comme le fut la guerre du Golfe en 1991.

Les photojournalistes doivent trouver à photographier autre chose que les combats. Aussi, montrent-ils les ravages de la guerre, son cortège de destructions et les conséquences sur les populations civiles. Son but est d’agir par son témoignage. Après avoir été spectateur, le photographe veut convaincre, choquer, obliger à regarder, susciter un sens d’humanité, favoriser la paix. Il combat en quelque sorte l’ignorance de la misère d’autrui en espérant que l'image aura un effet.

Pendant deux ans, le réalisateur, Christian Frey, a suivi le photojournaliste et montre comment il travaille. Pour ce documentaire (War Photographer) il a d'abord fallu gagner la confiance du photojournaliste, naturellement solitaire. L'excellente idée a été de créer pour l'occasion une micro-caméra accrochée à l'appareil photo de James Nachtwey, si bien que par moment on a le sentiment d'être dans l'oeil du photographe, on le voit composer son cadre.

D'autres fois, Christian Frey nous montre un James Nachtwey si près de ses sujets, extrêmement calme, comme si rien ne pouvait l'atteindre, le déstabiliser, le blesser. Ce film résume bien cette phrase de Robert Capa : "si tes images ne sont pas assez bonnes, c'est que tu n'es pas assez près".


James Nachtwey veut photographier la pauvreté en Indonésie, ou l’horreur des orphelinats roumains, "les gens ordinaires dans le cours de l’histoire". Ce sont ses sujets. Il n’en rajoute pas dans le morbide parce qu’il n’invente rien. En cadrant sa photo, en appuyant sur un blanc, une couleur, en détachant un effet.

Voyeurisme ? Est voyeur celui qui prend du plaisir à observer la situation. Chacun s’interrogera sur ce point mais il s’interrogera aussi sur le bien-fondé de détourner le regard. La souffrance est réelle. Pourquoi ne ferait-elle pas partie de "l’information" ?

Les images produites par Nachtwey sont certes créées par l’œil témoin, témoin subjectif, mais témoin d’une réalité. Une réalité que le photographe interprétera d’une façon qui plaira ou non. Mais l’image reste.


Les émeutes en Afrique du sud [1992], La famine au Soudan et en Somalie [1993, 1994], le génocide au Rwanda [1994], la guerre dans les Balkans [1993-1999], la prise de pouvoir des Talibans en Afghanistan [1996], l'Indonésie à la suite de la crise financière en Asie du Sud-Est [1998], les opérations américaines contre Al-Qaida en Afghanistan [2001-2002], la destruction de Jenine par l'armée israélienne [2001] .

Attention certaines sensibilités peuvent être choquées!!!